samedi 26 avril 2014

Ce que la Pizza enseigne sur la politique belge...

Voir le post publié sur Mediapart : http://goo.gl/CRos4I

La Crousti-Moëlleux Extême de Marie éclaire la politique belge et les méfaits des médias de masse.

Vous arrive-t-il d’acheter de la pizza en grande surface ? Alors vous avez aussi constaté que sur des rayons de 8 m de long, le prix varie de 1 à  5. Jusqu’à ce que Marie débarque et forte de toute sa science du marketing et son intelligence du consommateur, Marie lance une pizza qui n’en est plus une : La Crousti Moelleuse Extrême. Et tous les mots sont importants. Il y a le crousti qui réfère au croustillant de la pizza, il y a le moelleux qui fait allusion à l’épaisseur moelleuse de la quiche et il y a l’extrême qui consiste à réunir en un seul produit deux produits aussi distants l’un de l’autre que l’Italie et la Lorraine en y ajoutant une troisième touche d’exotisme universel : le tex-mex, le kebab ou le royalisme. Oui, ils ont osé la Crousti Kebab et la Crousti Royale. En fusionnant ces trois pôles du goût, Marie va faire une percée, elle va plaire à tout le monde sans passer pour une traînée puisqu’elle innove. Pauvre DrOetker, son concurrent qui bien qu’Allemand se prend pour le roi de la Pizza.
Tout d’un coup, grâce à Marie, j’ai compris toute l’intelligence et la science du politique belge
qui permet à un Liégeois de devenir le chantre de Bruxelles (Didier Reynders),  à un socialiste papillonné (Elio DiRupo) d’être l’allié de fait d’un historien flamand nationaliste (Bart De Wever) et à un acolyte de Monseigneur Leonard d’affirmer qu’il vaut mieux être humaniste que Chrétien (Benoît Lutgen).
Le royaume des partis d’extrême-centre. Fini la pizza, fini la quiche, finies les rivalités entre gaufres de Liège , de Bruxelles ou de chez Siska (la meilleurs gauffre de Knokke le Zoute, depuis des siècles), fini la gauche, fini la droite, fini les extrêmes, vive le roi, la Crousti Moelleuse Extrême et les partis d’Extrême Centre. Ils sont là, tous extrêmes dans leurs propositions et tous au centre comme Marie pour capter tous les profils d’électeurs en se faisant passer pour socialiste, populaire, progressiste, progressif, socialo-libéral, néo-libéral social, honnête, engagé, moderne, respectueux de la tradition, austère au nom de la stabilité, nationaliste, européen, solidaire, inventif…
C’est la faute aux Médias de Masse. Il n’y a plus  de gauche ou de droite. Altermondialistes, capitalistes, libéraux, néolibéraux et même le PTB souffrent du même mal : ils se prennent pour les hommes ou les femmes de la situation et veulent que nous les considérions comme tel. Il est facile de leur jeter la pierre. Vous la méritez autant qu’eux. Nous sommes les victimes d’un mythe qui s’est industralisé en 1814 quand sont nés les médias de masse. : ils ont forgé le mythe de l’homme fort, de l’homme de la situation, de l’homme auto-suffisant. Ce mythe alimente encore et toujours nos vies quotidiennes de haut en bas et de gauche à droite.
Dès 1814, entre la masse et les médias, va naître l’intérêt. L’intérêt, c’est l’entre-deux (inter-esse en latin). Et cet « entre-deux » va devenir le sol nourricier de cet imaginaire construit sur ce mythe  dans lequel nous baignons encore aujourd’hui. Bien plus qu’un animal pensant, l’être humain est avant tout un animal qui veut être aimé.  Et le meilleur moyen de l’être, s’est en se sentant admiré. C’est ce que nous dicte notre imaginaire social. Sans être aimé, je serais ici, sur terre, en vain. Pour être aimé, pour trouver sa cohérence avec le mythe fondateur de notre imaginaire, l’envie de « plus » est apparue et s’est mise à tenailler chaque individu. L'homme s’est mis à vouloir plus que les autres ou que le présent. Et le corollaire de cette envie est la compétition. Même la femme des années 50 de Mad Men, la Sad Woman va entrer en concurrence avec d’autres femmes sur la beauté et les charmes qu’elle dégage parce « qu’elle le vaut bien ».
Heureusement, il y a Mediapart.
Cette époque était une révolution et elle était industrielle, on le sait. Elle a vu la fin d’un empire français, l’émergence d’un autre allemand, la révolution industrielle, l’essor de la colonisation… La presse ne sera plus seulement un bien culturel ou un pouvoir indépendant au service de la nation, elle sera aussi et avant tout une industrie qui filtre et amplifie l’information qu’elle souhaite véhiculer. C’était la bonne époque des journaux d’opinion et des débats, quand l’information relevait  d’une pratique active, orale et manuscrite.  Depuis ce jour de novembre 1814, elle poussera hélas le lecteur à de plus en plus de passivité face à de plus en plus de messages renvoyant un miroir de la société qui ne réfléchit pas toujours.  Heureusement, il y a Mediapart.
Valls est néolibéral comme tous les promoteurs de « Relance ».
Et comme l’histoire montre que ce modèle, cet idéal auquel nous finissons par aspirer, a créé de la richesse pour tous, ce cours vertueux de l’histoire se poursuit et n’est pas remis en question, certainement pas par Valls et sa vision austère.  Au contraire, dès que la création de richesse montre des signes d’affaiblissement on se met à parler de relance. Cette relance figure dans les plans de campagne politiques de gauche à droite sans exception. Chacun prétend en être le seul garant. Aucun ne considère que le mot « relance » signifie poursuivre et ne rien changer. Un moteur relancé est un moteur qui n’a pas changé. Une mode relancée est une mode qui n’est pas renouvelée. De gauche à droite, on relance la croissance : l’envie de plus. Le mot domine tellement la pensée qu’on en oublie l’essence. Nous poursuivons une façon de vivre ensemble forgée par notre imaginaire néolibéral de l’« homme autosuffisant », un mythe industrialisé il y a 200 ans. Est-ce bien raisonnable ? Non. Cela risque de nous faire oublier qu’il y a un avenir pour une économie sociale, solidaire et capitaliste. Elle représente déjà 10 % du PIB mondial. Elle n’est pas centrée sur le nombril de l’actionnaire ou de l’entrepreneur ou du politique. Elle vise un autre extrême : la construction d’un monde commun, de concert et entre égaux.
C’est ce que je vous propose de voir dans une série de posts. Le prochain parlera du Libertistan, ce pays merveilleux que nous promet le Parti Crousti-moelleux- extrême.
 ©Patrick Willemarck

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